Je suis partie au large, à trop regarder la
Je suis partie au large, à trop regarder la mer.
De mon promontoire, j'observais les étoiles dans ses reflets, je cuillais les vers glissés par sa brise salée, croquais les vagues et les voiliers.
Je suis partie au large un jour de brumes sans bouée ni gilet, confiante et néamoins inquiète; j'avais déjà aimé, et déjà embarqué sans convinction, mais partir, jamais à ce point. Et je ne savais pas comment tenir cette barre, tendre cette voile et garder le vent en poupe. Et je ne sais toujours pas. J'apprendrais au jour le jour, en petit mousse au regard d'eau et à la tête farcie de calamars géants, de Nautilus, de sirènes et de pirates.
Je suis partie au large, guidée par les phares et m'éloignant des côtes, sans autres but que de naviguer, au gré de tout, des récifs d'Irlande aux lagons polynésiens, des banquises exquises aux caneaux d'Amsterdam.
Mais cette fois, dans un navire à deux places.