Ainsi parlait Automne

J'ai posé ma main sur le paysage lunaire
Sur le haut col gris qui surplombe les vallées
J'ai posé ma main et, étrange mystère
J'ai allumé le feu sur les pierres mouillées.

L'adret couvert de flammes, l'ubac désert de cendres
Mon doigt décide le sort des montagnes et des landes.

J'ai soupiré en scrutant le nuage lourd
Juché sur un petit bunker abandonné
J'ai soupiré et, dans un curieux bruit sourd
J'ai soufflé le grand vent qui signe mon décès.

L'adret perdra sa robe, et l'ubac s'engourdira
Hiver le Glacé me combat et bientôt me vaincra.

L'heure n'est pas encore aux larmes du trépas
Maintenant je chante, sans souci d'aucune loi
Le triomphe de ma puissance, de mon aura
Qui pare les feuilles et dore les sous-bois.

Et d'adret à ubac, en toutes les saisons
Sublimes seront ma voix, ma prestance et mon nom.

Col de la Bonette, octobre 2008